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Le chaînon manquant

Un journal en ligne sur les questions urbaines à Liège
lundi 27 avril 2009

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Greather London Authorities : modèle pour la Communauté urbaine de Liège ?

Dans un contexte de relatif éclatement institutionnel, les récentes avancées observées à Liège en matière de mobilité, et particulièrement l’arrivée du tram, posent à nouveau la question de la coordination des pouvoirs locaux pour mener à bien des projets à l’échelle de la grande agglomération. Elles font aussi cruellement ressentir que fait défaut, à l’échelle de la grande ville, un espace de délibération démocratique. Un regard vers l’étranger montre parfois que des choses jugées insurmontables ici sont possibles ailleurs — et qu’elles fonctionnent, même si les situations ne sont évidemment jamais identiques. Tel est sans doute le cas de la Greather London Authorities.

27 avril 2009 - par Mathilde Collin

Le long de rive droite de la Tamise, à proximité de Tower Bridge, un vaste espace aménagé pour les piétons permet au visiteur de profiter des vues majestueuses ouvertes par le fleuve et donne une perspective dégagée sur les nombreux bâtiments remarquables qui constellent la skyline de la capitale britannique. C’est là que, face à la Tour de Londres, City Hall déploie ses traits élégants, détournant les regards des curiosités touristiques avoisinantes. Le bâtiment, qui abrite la mairie de Londres ainsi que l’assemblée du Grand Londres, fait à bien des égards figure d’exemple.

Une institution : The Greater London Authorities

Le Grand Londres (Greater London) est la plus grande subdivision administrative englobant Londres en Angleterre. Elle a été créée en 1965 pour coordonner les différentes autorités locales et regroupe la ville de Londres ainsi que 32 districts urbains l’entourant. Son territoire correspond à la région de Londres ainsi qu’à la circonscription de Londres pour le Parlement européen. Sa superficie est de 1 579 km², et sa population estimée au premier semestre de 2005 est de 7 517 700 habitants.

Le gouvernement de cette zone administrative a été réformé en 2000, avec la création de la fonction de Maire de Londres, première élection directe d’un maire en Grande-Bretagne — à ne pas confondre avec « The Right Honourable Lord Mayor of London », maire de London City, un office qui a été institué en 1189 et n’est plus aujourd’hui qu’honorifique.

Le Maire du Grand Londres a des compétences exécutives, dont il doit répondre devant une assemblée d’élus directs de l’ensemble de la circonscription (The Greater London Assembly). L’Assemblée de Londres est composée de 25 membres, élus pour 4 ans lors d’un scrutin mixte : 14 membres de l’assemblée sont élus au suffrage uninominal dans des circonscriptions, et 11 sont élus au scrutin de liste, au niveau régional. Ceci permet de garantir un équilibre géographique dans la représentation des élus et d’éviter que les petites circonscriptions ne soient jamais représentées.

Les compétences de l’Assemblée sont le transport, l’aménagement du territoire, le développement économique et l’environnement. Il s’agit de compétences déléguées avec transfert de budget d’autres niveaux de pouvoir, principalement du gouvernement national, pour un total annuel d’environ 50 millions de livres (environ 57 millions d’euros).

Un lieu : City Hall

Conçu pour abriter the Greater London Authorities, le bâtiment traduit à de nombreux égards le renouveau démocratique de la ville. Défiant la Tour de Londres depuis l’autre rive de la Tamise, City Hall invite, par sa silhouette, à se distancier de l’ancienne demeure des monarques absolus de droit divin. Sa structure transparente, en verre, contraste avec l’opacité de la pierre épaisse qui lui fait face.

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Le rez-de chaussée est accessible via un espace extérieur de débat, une sorte d’agora que tout un chacun peut s’approprier. Le visiteur est accueilli dans un espace de restauration (bio et éthique) et un espace d’exposition réservé à des associations locales qui ont peu d’audience médiatique et promeuvent des thématiques de santé publique. Un bureau d’accueil et d’information est également à la disposition des citoyens. On y trouve toutes sortes d’informations sur les services publics de la ville. Au sol, une vue aérienne détaillée de l’agglomération permet aux visiteurs de faire une première connaissance en un coup d’oeil avec leur lieu de séjour.

On monte les étages du bâtiment via un large couloir en spirale. L’absence d’escaliers facilite l’accès aux personnes à mobilité réduite. Arrivé au premier, un passage obligé par le détecteur de métaux (sans contrôle d’identité toutefois) indique que l’on entre dans la partie du bâtiment destiné aux activités politiques. La salle des assemblées délibératives est ouverte. S’y tiennent non seulement les Assemblées mensuelles du parlement local, mais aussi les travaux des commissions, ainsi que les séances de questions au Maire. L’agenda des séances, les ordres du jour ainsi que les compte-rendus et vidéos sont communiquée à la population via un site internet facile d’utilisation et à jour... Les parois transparentes du lieu renforcent le sentiment démocratique, et donnent surtout une vue très agréable sur la Tamise et le patrimoine de l’Unesco de la rive gauche. De l’extérieur, on ne voit effectivement rien de ce qui se passe à l’intérieur du bâtiment, vitres sans tain obligent pour éviter la surexposition au soleil, car le bâtiment à basse énergie optimise l’énergie solaire...

Les étages supérieurs sont occupés par les 600 personnes employées par la mairie et par l’assemblée. On y raconte que, les murs n’y étant pas verticaux, l’affichage y est un peu compliqué, et le mobilier disposé de manière artistique puisque les angles ne sont pas droits...

Le dernier étage offre une vue exceptionnelle sur Londres. Mon hôte me fait l’honneur de la visite sur le toit. Celui-ci est conçu de manière à pouvoir accueillir des réceptions autour des capteurs solaires, les asbl bénéficiant de tarifs spéciaux |1|. On imagine combien l’endroit doit être convoité...

Quand Liège élira directement le conseil de l’agglomération, aurons-nous aussi enfin un lieu public et ouvert de débat, situé à un endroit qui symbolise la fin de l’absolutisme de droit divin...?

|1| Mais néanmoins introuvables sur le web.

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