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Une publication de l'asbl urbAgora

Le chaînon manquant

Un journal en ligne sur les questions urbaines à Liège
mardi 7 juin 2011

Analyse

Liège 2017, une opportunité de porter une vision de la ville sur le long terme

7 juin 2011 - par François Schreuer et Thomas Moor

La candidature de Liège à l’organisation de l’exposition internationale représente une opportunité exceptionnelle pour mettre en œuvre, à l’échelle de la ville et de l’agglomération, une politique urbaine de longue haleine, qui aujourd’hui fait défaut à Liège – cette politique se limitant aujourd’hui à un projet de ville calqué sur la législature communale, soit 6 ans et rarement au-delà, alors que la nécessité d’une approche structurée se fait particulièrement sentir, notamment dans des dossiers d’agglomération d’une importance décisive pour l’avenir de la ville, le Plan urbain de mobilité ou le dossier du tram pour ne citer qu’eux.

Des enjeux politiques fondamentaux de développement de la ville, en matières de paysage et d’architecture et d’urbanisme, de mobilité, de logement, de culture, d’innovation, ce compris dans la gestion de la cité, doivent être mis en œuvre pour dessiner le nouvel horizon à atteindre sur Liège d’ici 2020, voire au-delà – comme à Anvers qui s’est déjà doté d’un ambitieux plan de développement urbain (Antwerp Structuur Plan) |1| , à Bordeaux qui se dote d’une vision métropolitaine à l’horizon 2030 |2| Liège ne doit pas être ici à la traîne.

Fort des expériences relevées dans les métropoles étrangères ayant saisi l’opportunité d’une manifestation internationale pour changer la ville au profit de la collectivité |3|, urbAgora entend contribuer au débat public en sortant quelque peu de l’ornière et de la discrétion les enjeux que pourraient représenter Liège 2017 pour les habitants, en sortant l’exposition du seul carcan évènementiel.

Plusieurs axes de développement ont été identifiés, certains en relation directe avec la thématique de l’exposition, d’autres à mettre en lien avec la dynamique urbaine que l’exposition générera. Car ne soyons pas dupes : au-delà de l’arbitrage géopolitique mondial avec la candidature d’Astana sur laquelle nous n’avons pas d’emprise directe, la faiblesse spécifique de la candidature liégeoise tient dans ce que le Secrétaire général du Bureau international des expositions établi à Paris, Vicente Gonzalez Loscertales, définit comme une difficulté à faire de l’exposition un véritable projet de ville – entendons le comme un projet qui serait capable de dépasser les frontières stricto-sensu du site de l’expo, à savoir Coronmeuse et Bressoux, afin de s’étendre à toute la ville et l’agglomération |4|. Un projet de ville qui survivrait à l’exposition, et dont les effets se feraient sentir longtemps après, à la manière de la métropole lilloise que l’on peut ici prendre en exemple, témoignant, après l’année évènementielle de Lille 2004 Capitale européenne de la Culture, d’un dynamisme eurégional impressionnant, rayonnant jusqu’en Wallonie et en Flandre.
Afin de capitaliser l’énergie de la candidature liégeoise, nous avons esquissés six axes de transformation urbaine – et il ne faut y voir que l’embryon d’une réflexion qui méritera d’être approfondie :

Promouvoir un habitat innovant

La promotion immobilière à Liège développe, comme c’est largement le cas ailleurs en Wallonie et sauf rares exceptions, une approche du logement sur les seules bases de critères de rentabilité économique |5| , masquant totalement le rôle clé que celui-ci joue dans la fabrication de la ville, de son identité culturelle et du patrimoine architectural de demain. Le résultat est confondant de banalité, d’absence d’ambition, bref, les superlatifs manquent tant la situation est désolante. Cette situation témoigne d’une incapacité notoire à réinventer la façon d’habiter en ville – notons à titre d’exemple, certes caricatural mais ô combien significatif, l’absence quasi systématique de rangement pour vélos aisément accessible depuis le rez-de-chaussée de ces nouveaux immeubles, alors qu’il est un fait avéré que la pratique de ce moyen de transport est à encourager pour régler les problèmes de mobilité à Liège et que l’encouragement de sa pratique est un argument de santé publique.

Les causes de cette situation désolante sont multiples et il ne faudrait en rejeter la seule responsabilité sur les promoteurs privés (même si ceux-ci doivent impérativement être conscientisés au rôle qu’ils jouent dans la confection de la cité) : celle de nos élus y est largement engagée. Nulle part en effet, dans aucun discours d’aucune formation politique, il n’est question d’encourager à la mise en œuvre d’un habitat innovant, si ce n’est dans les performances énergétiques et environnementales – mais c’est bien le moins de ce que l’on attendre de toute nouvelle construction. Cette absence de discours de fond sur le logement privé innovant l’est hélas tout autant pour le logement public.

Point de discours politique audible en effet pour donner un nouveau souffle au logement public, si ce n’est ça et là pour dénoncer les dérives de gestion de certaines sociétés, alors que les besoins n’ont jamais été aussi criants avec la précarisation générale de la société. Il n’y a pas, ou plus, de vision un tant soit peu porteuse de sens pour ceux qui habitent ces logements – ou seraient en mesure de les investir s’ils seulement ils étaient construits, tant les programmes de réalisation sont lents à mettre en œuvre. Quelle formation politique ose encore défendre des programmes ambitieux de logement social, à l’heure de la médiatisée réduction des dépenses publiques, à l’heure où une bénéficiaire d’allocation est perçu comme un assisté en puissance, à l’heure où le placement de caméras de surveillance paraît bien plus important que la construction de logements décents ?

Nous proposons de placer en priorité du développement de Liège un plan global sur l’habitat, plaçant tant du côté du privé que du côté du public la mise en œuvre de processus publics ambitieux, ceux-ci commençant par l’organisation de compétitions d’architecture – le seul processus capable aujourd’hui de relever le défi de l’innovation dans ce secteur, en regard de ce qui se fait ailleurs en Europe.

Evidemment, les grands dossiers chauds du moment qui font du surplace à Liège sont concernés : Droixhe, Guillemins, Bavière, Cadran, etc. Autant de sites pour lesquels de véritables mises en compétitions de projets et des mécanismes publics d’encouragement (déclarations politiques claires, création de cellules de suivi dans les administrations concernées comme à l’Urbanisme, partage d’expertises avec des villes étrangères dont les pratiques sont exemplaires, communications et publications sur le sujet, etc.) doivent être mis en œuvre, afin de faire émerger de meilleurs projets de logement privé et public. De manière à réellement réinventer la vie en ville, plutôt que de subir les impératifs du marché immobilier ou l’absence de vision politique du logement, comme on en a trop souvent l’impression aujourd’hui.

Rendre la Meuse aux Liégeois

Plus qu’un slogan, et comme cela l’a été évoqué précédemment dans une étude d’urbAgora |6|, il s’agit de saisir l’opportunité de Liège 2017 pour proposer un plan global de réaménagement de l’ensemble des rives de Liège : la Meuse et la Dérivation bien sûr, mais aussi l’Ourthe et la Vesdre, non pas seulement à l’échelle de la ville mais aussi à celle de l’agglomération, et de prôner auprès du SPW – enfin – la mise en œuvre de compétitions de projets associant architectes et paysagistes, dans des processus transparents et ambitieux |7| .

Rendre aux Liégeois l’accès à leur fleuve et ses affluents qu’ils ont aujourd’hui perdu, c’est améliorer significativement le cadre de vie de la population et donc inscrire durablement le retour des habitants au cœur de la ville et de l’agglomération. Le réaménagement projeté du quai de Rome et du boulevard Frère Orban doit à ce titre clairement apparaître comme le point de départ d’un programme de longue haleine, indispensable pour rendre la ville plus attractive qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Ce plan, dont la réalisation serait planifiée dans le temps, de la grande échelle (masterplan) à la petite (tronçons par tronçons), ne se limiterait pas à la seule de ville de Liège, mais s’étendrait aux autres communes traversées par un cours d’eau : Seraing, Herstal, Chaudfontaine – de manière à offrir demain un autre visage que celui, majoritaire et réducteur, de voies d’eau à finalité presqu’exclusivement économique (le transport fluvial), bordées d’autoroutes urbaines.

Cette revendication d’urbAgora trouve largement écho dans l’étude d’aménagement de la seconde ligne du tram, dite de la « Transurbaine » (auteurs : Secchi-Vigano, CREAT, Double Page, etc.), dont le journal Le Soir a rendu public début décembre les conclusions provisoires |8|.

Repenser les jardins, les parcs et les espaces publics

Pas de ville durable sans des espaces publics réinvestis : des parcs historiques à requalifier comme l’emblématique Parc et Boulevard d’Avroy qui n’est plus que l’ombre de lui-même aux espaces de grande échelle que sont la Chartreuse, le Sart-Tilman ou encore les terrils de l’agglomération, en passant par des interventions de plus petites échelles, Liège a besoin d’un plan ambitieux pour ses espaces publics – en plaçant, comme pour les quais, la mise en compétition de projets, à l’instar de l’Esplanade Saint-Léonard il y a 10 ans, au cœur du processus de conception des espaces de demain (architectes, paysagistes, etc.), au coté de la concertation avec les habitants.

Dans une ville qui a souffert pendant trente ans (1950-1980) d’un urbanisme technocratique (la démolition des abords de la place Saint-Lambert, la création de percées autoroutières et de voies rapides sur les quais, la place démesurée accordée à la voiture, etc.) et d’une promotion immobilière médiocre et débridée, et dont il résulte encore aujourd’hui une image urbaine chaotique – il suffit d’ouvrir n’importe quel guide touristique à propos de Liège pour s’en rendre compte –, il ne faudrait pas négliger l’importance du rôle que les espaces publics pourront jouer pour requalifier la ville. Car c’est ici et bien plus qu’ailleurs, dans cet enjeu qualitatif des espaces publics, que la future « image » de l’agglomération, tant choyée par les élus, se dessinera. Et c’est dans cet enjeu de cohésion sociale que la collectivité s’y retrouvera.

On ne soulignera jamais assez à ce propos le bien qu’a fait l’aménagement de l’Esplanade Saint-Léonard pour les deux quartiers qui la borde, Saint-Léonard et le Centre historique, devenant l’espace partagé entre le faubourg populaire et la ville bourgeoise. Et dans le registre touristique, il suffit d’évoquer le remarquable réaménagement des Coteaux de la Citadelle, une opération de longue haleine qui a aujourd’hui durablement modifié la perception du centre historique de Liège, comme en témoigne la distinction accordée par ce site au Guide Vert Michelin (3 étoiles), un fait bien moins anecdotique qu’il n’y paraît. Il ne faudrait pas limiter le succès de ces deux opérations – Esplanade et coteaux – à un simple aménagement d’espaces publics : il faut ici pointer le rôle décisif qu’a joué l’ambition paysagère et architecturale mise en œuvre dès le départ par la ville de Liège. Sans cette dernière, un tel résultat n’aurait certainement pas été au rendez-vous.

C’est cette ambition architecturale et paysagère pour les espaces publics qui doit aujourd’hui être structurée à l’échelle de la ville à l’occasion de la candidature de Liège 2017 – elle ne l’est pas actuellement – avec un engagement politique clair en ce sens, offrant à chaque occasion d’aménagement d’espace public à Liège l’opportunité d’appliquer une politique innovante (concours d’architecture), développant un programme d’intervention à court, moyen et long terme, tant sur son territoire qu’en concertation avec celui des communes voisines, de manière à créer également une politique d’espaces publics au sein de l’agglomération ; nul doute que le Sart-Tilman trouverait intérêt à être géré avec Seraing et le site de l’expo 2017 avec Herstal.

Enfin, et c’est tout aussi indispensable pour le développement culturel de la ville, il faut saisir l’occasion de Liège 2017 pour intensifier la politique d’art public menée par la ville de Liège, une politique unique en son genre en Wallonie pour la sensibilisation à l’art actuel et de soutien aux plasticiens, qu’il est nécessaire de rendre plus audible auprès du grand public qu’elle ne l’est aujourd’hui (engagement politique clair, communication sur les installations réalisées et à venir, intégration d’un programme d’art public dans les aménagements futurs du tram, etc.)

Placer l’architecture au cœur du projet de ville, faire du logement un laboratoire du vivre en ville et réhabiliter le patrimoine du 20e siècle

Faisant l’objet de confusion systématique avec la discipline de l’urbanisme, l’architecture est le grand oublié de la politique liégeoise. Aucune déclaration ambitieuse en ce sens, aucun encouragement spécifique à la créativité auprès des maîtres d’ouvrage, le chemin pour replacer l’architecture au cœur de la place publique est encore long. Personne en Europe pourtant ne nie aujourd’hui le rôle clé de l’architecture dans le développement des villes au fil des siècles et son importance pour la qualité du cadre de vie des citoyens. C’est encore le cas aujourd’hui et il est dramatique que nos élus ne s’en saisissent pas avec toute l’attention qu’elle mérite : nous proposons que la Ville de Liège reconnaissance l’architecture comme un facteur clé de son développement futur, la distingue de l’urbanisme, et mettre en œuvre une politique architecturale ambitieuse (adoption d’une politique architecturale de la ville de Liège comme dans les villes nordiques |9|, systématisation des concours d’architecture, recours aux approches intégrées urbanisme / paysage / design, etc.).

Doit-on rappeler que les projets liégeois les plus décriés sont justement ceux qui n’ont pas l’objet d’une mise en compétition de projet ? Les annexes du Palais de Justice, le projet de la Tour des Finances, le boulevard urbain de Seraing, etc. ne sont pas des exemples à suivre. L’expérience pourtant ne manque pas, avec des projets réalisés à l’issue de concours d’architecture comme l’Esplanade Saint-Léonard (Grand Prix européen de l’Urbanisme 2007), le Cinéma Sauvenière (Belgian Building Awards 2009, Prix de l’Urbanisme et Prix du Public 2009), le futur MADmusée au parc d’Avroy, la nouvelle patinoire en construction à la Médiacité, le CIAC, etc. Sans oublier le récent succès touristique des Coteaux de la Citadelle (3 étoiles au Michelin), comme évoqué au point précédent, qui tient dans l’intelligente alliance de l’architecture actuelle et de la valorisation de sites paysagers exceptionnels.

Il est par ailleurs urgent de replacer au cœur de la politique de conservation et de valorisation du patrimoine architectural de Liège le 20e siècle, qui a façonné ce visage de Liège si caractéristique et identifiable depuis l’étranger – une période foisonnante, méconnue et trop souvent injustement décriée. La mise en valeur de ce patrimoine, qui semble avoir débuté avec l’annonce de la rénovation de la patinoire et l’école Reine Astrid sur le futur site de l’expo, possède la capacité de devenir demain un moteur essentiel de découverte touristique et de développement culturel de Liège |10|.

Il n’en demeure pas moins que le 20e siècle est le grand oublié de la politique patrimoniale actuelle. Des édifices remarquables sont aujourd’hui menacés, il est donc indispensable de mener, de manière urgente, un inventaire des bien à protéger et d’en fixer les priorités, au risque de voir disparaître les éléments les plus significatifs de l’architecture moderne à Liège. A contrario, une telle dynamique pour générer pour 2017 ses premiers fruits.

Enfin, cela tombe sous le sens, il sera incompréhensible que des processus de mise en compétition de projets – pour faire bref, des concours d’architecture – ne soient pas mis en œuvre sur le site de l’expo 2017 pour tous les bâtiments à y construire et espaces publics à y aménager. Comment en pourrait-il être autrement de la part des porteurs du projet, dont l’ambition est de faire de l’expo une vitrine de l’innovation et de la créativité, un modèle pour le développement de Liège, voire de la Wallonie ?

Développer une approche intégrée de la mobilité

En dépit de la succession des études (Sémaly Transitec et PUM, notamment), l’agglomération liégeoise est toujours loin de disposer d’un concept d’ensemble répondant aux enjeux de mobilité pour les décennies à venir. La ligne unique de tram – n’étant pas inscrite à ce jour dans un projet de déploiement à terme d’un réseau complet – n’apportera à notre sens que des réponses locales. Pire : on sait que le nouveau schéma qu’il implique (« l’arrête de poisson ») va dégrader la qualité du service offert à de nombreux usagers du transport public (en particulier, ceux de l’actuelle ligne 4) et nous éloigner de toute maillage du réseau, pourtant foncièrement souhaitable.

Sur le plan de la mobilité automobile, le mot d’ordre est toujours à la fuite en avant, avec des aménagements urbains encore beaucoup trop favorables à la seule voiture |11| et une augmentation permanente des capacités du réseau |12| et de l’offre de stationnement, y compris en hypercentre |13|, alors que celles-ci devraient être stabilisées depuis longtemps et progressivement baisser parallèlement à la mise en service d’alternatives. Même l’antédiluvienne liaison CHB (démesurément coûteuse et ne répondant en rien aux principaux problèmes de mobilité de l’agglomération) reste au centre des préoccupations d’une grande partie du corps politique liégeois.

Nous plaidons donc pour que l’expo 2017 soit l’occasion d’adopter un concept de mobilité collective articulé sur trois niveaux.

Le premier niveau doit être ferroviaire, avec la concrétisation de deux ou trois lignes de « REL » structurant toute l’agglomération. Il est à cet égard plus qu’urgent de réintégrer la SNCB dans les réflexions stratégiques sur le transport en commun (notamment le comité exécutif du tram). Le monde politique doit aussi – et l’échéance de 2017 peut l’y aider – se montrer exigeant vis-à-vis de l’opérateur ferroviaire et d’Infrabel, c’est-à-dire défendre un projet précis, articulé autour des échéances à venir, notamment le prochain plan d’investissement 2013-2025 (parmi les priorités urgentes : l’intégration tarifaire avec le réseau des TEC, la réouverture de plusieurs dizaines d’arrêts, la normalisation de la hauteur des quais à 75 cm, l’acquisition de matériel roulant adapté au trafic RER,…).

Le tram ne doit constituer que le second niveau du réseau, être pensé de manière à être complémentaire au train (en multipliant les points de contacts avec le réseau ferroviaire, en optant pour des tracés intérieurs aux quartiers, en garantissant une distance entre stations compatibles avec la desserte des quartiers) et être ciblé sur les quartiers les plus denses, là où la demande est la plus forte.

Enfin, la réorganisation complète du réseau de bus doit permettre d’assurer une desserte fine, permettre des déplacements de périphérie à périphérie et rabattre le trafic vers les deux niveaux structurants. Dans ce cadre, des améliorations de la qualité du service sur certains axes stratégiques (BHNS), le recours à un matériel mieux adapté à la pente (trolley) et le développement de solutions innovantes adaptées à des situations particulières (téléphérique vers la Citadelle, ascenseur urbain à Jonfosse vers le quartier St Laurent) doivent être envisagés).

Dans le cadre particulier de l’exposition, deux priorités nous semblent devoir être retenues. Primo, avec l’hypothèse de localiser le dépôt des tramways à Bressoux ayant été confirmée |14|, la voie de tram permettant d’y accéder doit impérativement passer par Outremeuse et Bressoux plutôt que par le pont Atlas. En effet, le choix du pont Atlas priverait d’une desserte tram la quinzaine de milliers d’habitants et les nombreuses institutions publiques qui se trouvent dans ces quartiers. Il compromettrait aussi le développement d’un grand projet à Bavière. En outre, le pont Atlas apparaît comme un nœud stratégique du réseau automobile.

Diviser par deux sa capacité – et donc renvoyer du trafic vers les ponts du centre-ville – n’apparaît pas nécessairement comme très opportun.

Secundo, la possibilité de bâtir un pont ferroviaire entre Bressoux et Coronmeuse (permettant le bouclage du réseau et la connexion entre le centre de Liège et Maastricht, entre autres choses) doit absolument être préservée. A minima, une zone de réservation doit être adoptée, autour de laquelle les développements immobiliers de l’expo pourraient s’organiser. Mais il serait possible de faire plus que cela, notamment en rendant la passerelle piétonne qu’il est question de construire compatible avec une transformation future en pont ferroviaire.

Inscrire la culture et l’éducation au cœur de l’avenir métropolitain

La mobilisation des acteurs culturels pour Liège 2015, Liège métropole 2010 ou encore courant 2011 pour le soutien à des lieux emblématiques de la culture alternative que sont l’An vert et le Hangar témoigne de l’impérieuse nécessité de développer l’ambition culturelle de Liège avec ceux qui l’animent au quotidien, et d’y consacrer moyens et suivi pour élever dans son ensemble le niveau de professionnalisme d’un secteur pourtant reconnu hors des frontières de la ville.

Il est également absolument nécessaire d’opérer un rapprochement entre la Province et la Ville en ces matières culturelles qui génèrent aujourd’hui des concurrences incompréhensibles pour le grand public sur des projets qui devraient être menés en parfaite concertation ; sur le plan touristique, on ne peut que souhaiter pour Liège 2017 d’avoir une seule structure d’accueil aux touristes, aux lieux des deux doublons que sont la Maison du Tourisme gérée par la Province et l’Office du Tourisme gérée par la Ville : ce sont ici des logiques administratives qui sont à l’œuvre et qui se révèlent absolument incompréhensibles par le citoyen lambda, qui plus est s’il est étranger. On souhaitera également un véritable projet de construction ou de rénovation de la Bibliothèque des Chiroux gérée par la Province, la première de la Fédération Wallonie-Bruxelles en importance, qui ferait l’objet d’un concours d’architecture, et non d’un projet de rénovation mené par les Services techniques provinciaux comme on l’entend circuler en off aujourd’hui.

Investir massivement dans l’éducation à la culture, ouvrir largement nos musées aux écoles, est aussi la meilleure manière de sensibiliser les générations futures à l’importance de la culture comme facteur d’émancipation et d’épanouissement personnel. Enfin, Liège a développé une expertise dans l’art public qu’il conviendrait de d’avantage encore soutenir et développer, comme développé précédemment, afin d’inscrire l’éducation et la sensibilisation du grand public aux formes plastiques actuelles.

|1| Développé par le bureau d’urbanistes italiens Studio (Paola Vigano & Bernardo Secchi).

|3| Toutes proportions gardées, l’organisation des Jeux olympiques à Barcelone en 1992 est assez exemplative à cet égard, que la municipalité utilisera comme formidable outil d’amélioration de la qualité du cadre de vie, à travers la rénovation et la création d’importants espaces publics, d’infrastructures collectives, d’installation d’art public, de développement culturel. La métropole Lilloise a su également tirer profit de la mobilisation autour de son titre de capitale européenne de la culture en 2004 pour développer l’un des plus intéressants projets d’agglomération de taille moyenne en Europe.

|4| Le Secrétaire général du Bureau international des expositions (en charge de la désignation de la ville lauréate), Vicente Gonzalez Loscertales, n’a-t-il pas souligné, en visite dans la cité ardente, que la candidature liégeoise devait « s’intégrer dans le plan de développement stratégique de la Ville », un plan global dont on peine aujourd’hui à visualiser les contours, en dehors de la métamorphose annoncée du site de Coronmeuse en cas de sélection pour 2017 ? Le Soir, édition Liège, mercredi 10 mars 2010, p. 19.

|5| Ceux-ci intégrant aujourd’hui le « green washing », à savoir les performances énergétiques et environnementales comme argument de vente ; par onctre, on peine toujours à voir des projets de logement réellement innovant, c-à-d capables de réinventer la façon d’habiter en ville aujourd’hui (nouvelles typologies d’habitat, intégration du vélo dans les parkings, modularité des espaces au fil du temps, orientation, ingéniosité dans la conception des terrasses, etc.)

|7| De véritables « concours d’architecture », avec jurys comprenant des experts extérieurs à l’administration, la communication systématique du contenu des projets lauréats et non retenus auprès du grand public, etc.

|11| Le boulevard « urbain » de Seraing en constituant un exemple frappant dans l’actualité récente.

|12| La persistance du recours aux ronds-points, même dans les zones les plus urbaines, comme pour le carrefour Destinay/Prémontrés, illustre à suffisance tout le chemin que le SPW doit encore parcourir sur ce terrain.

|13| Notamment avec le très discutable parking de la place Cockerill.

|14| Hypothèse qu’urbAgora a promue dès l’été 2009, à la risée générale !

Cette publication a reçu le soutien
du ministère de la culture,
secteur de l'Education permanente

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