24 juillet 2008. Le gouvernement wallon annonce, par la voix de son ministre de la mobilité, M. André Antoine (CDH), son intention d’entreprendre la réalisation d’une ligne de tram à Liège, entre Jemeppe et Herstal, reprenant ainsi à son compte les conclusions d’une étude achevée au printemps par la Société régionale wallonne des transports (SRWT). Le début des travaux était annoncé dès 2011, la mise en service pour 2013. Quant à l’investissement, il était alors estimé à 300 millions d’euros pour 14 km de ligne [1].
Décembre 2008. À la veille de la Saint-Nicolas, le ministre annonçait dans une nouvelle communication qu’une décision ferme était prise. Il affirmait également que le transport public aurait, sur le plan budgétaire, la priorité sur le développement du réseau routier. Le ministre accélérait cependant le tempo, au risque de céder à la précipitation. Sans attendre les conclusions du Plan urbain de mobilité (PUM), en cours, détaillait de fracassantes intentions : maintien de l’optique de la ligne unique en fond de vallée (sur base de la seule logique des comptages), choix ferme et définitif du tracé avant les élections de juin 2009, budget revu à la hausse (le chiffre de 500 millions d’euros était cité), début des travaux annoncé dès 2010, recours massif au secteur privé pour toutes les étapes du projet, permis voté par le parlement (selon la procédure « DAR ») pour éviter les recours.
Février 2009. Relatif retournement de situation : le ministre André Antoine, les bourgmestres des communes de Liège, Ans, Chaudfontaine, Herstal, Saint-Nicolas et Seraing, MM. Demeyer, Moreau, Bacquelaine, Daerden Jr, Avril et Mathot [2], et la direction de la SRWT présentent, lors d’une conférence de presse commune, la vision, cette fois-ci, d’un réseau complet pour l’agglomération, ainsi qu’un phasage en deux étapes pour sa réalisation. Si la ligne de fond de vallée demeurait la priorité première et était annoncée pour la première phase (le montant de 500 millions d’euros étant réaffirmé), une seconde ligne — à réaliser dans une seconde phase, dans un horizon temporel cependant très incertain, pour un budget évalué entre 300 et 700 millions d’euros —, reliant Ans à Vaux-sous-Chèvrement (commune de Chaudfontaine) via Montegnée, Glain, Liège et Chênée, était envisagée (avec de nombreuses variantes possibles), sous l’influence manifeste du PUM. De surcroît, le train léger faisait son apparition dans le schéma avec une évocation relativement vague d’une possible desserte des lignes 37 (Vesdre), 34 (Liers), 40 (Visé), 42 (Ourthe) et 125A (Seraing-Flémalle). Une ligne de « Bus à haut niveau de service » (BHNS) sur l’axe de la N3 entre Ans et Fléron, une amélioration des sites propres de bus vers Rocourt, Vottem et le Sart-Tilman, la réaffirmation d’un projet de « vélos partagés » dans plusieurs communes, ainsi qu’une dizaine de parkings-relais (P+R) complétaient ce schéma qui commençait à ressembler à une vision globale de la mobilité pour Liège à moyen voire à long terme. Bref : ce projet témoignait d’avancées significatives : l’option du réseau (et avec elle une vision du tram comme outil de structuration du territoire et de soutien à une urbanisation de qualité) prenait progressivement le pas sur l’optique de la ligne unique. Il fallait aussi se réjouir de l’adoption, essentielle, du principe du site propre intégral.
Juillet 2009. Un nouveau gouvernement wallon est installé. La déclaration de politique régionale entérine le choix du tram. Le nouveau ministre de la mobilité, Philippe Henry, déclare qu’il fait du tram liégeois la principale priorité de son mandat [3].
Mars 2010. Nouvelle décision du gouvernement. La ligne de fond de vallée entre Jemeppe et Basse-Campagne est confirmée, de même que son budget de 500 millions d’euros. Exit, par contre, les déveleppements ferroviaires, dont il n’est plus fait mention. Aucune précision n’est plus donnée concernant une éventuelle seconde phase du réseau. Par contre, trois lignes de Bus à haut niveau de service (BHNS), rebaptisées « pré-tram » font leur apparition, desservant Saint-Nicolas et Ans, Droixhe, Chênée et le Sart-Tilman.