« Quelle métropole européenne n’a pas de ring ? »
Communiqué à la presse, 21 décembre 2007
Remise de la pétition « Oui au tram ! Non à l’autoroute ! » au gouvernement wallon.
Alors que les micro-particules émises par les moteurs diesel (notamment) commencent à faire les gros titres et à être reconnues comme la menace sanitaire majeure qu’elles sont ; alors que la pauvreté est en pleine résurgence en Belgique ; la génération des bétonneurs persiste et signe. Indifférents à notre santé, à notre avenir, aux possibilités de mobilité des couches populaires qui n’auront bientôt plus la possibilité d’acheter du pétrole,... MM. Daerden, Grafé et consorts sont bien décidés à construire une autoroute de plus, sont bien décidés à accélérer encore dans la fuite en avant du tout-à-la-voiture. Quoi qu’il en coûte.
Mais leurs effets de manche rhétoriques ne portent plus guère. « Quelle métropole européenne n’a pas de ring ? », s’interroge dans le journal Le Soir de ce jour M. Jean-Pierre Grafé — qui semble croire que le temps s’est arrêté dans les années ’60. Triste argument, car elles sont nombreuses, les métropoles européennes dépourvues de ring. Strasbourg, Montpellier, Freiburg ou Stockholm, pour ne prendre que quelques exemples, n’ont pas de ring. Elles comptent pourtant parmi les villes les plus novatrices en matière de mobilité et parmi les plus agréables à vivre. Il est vrai que dans ces villes, le corps politique a eu le courage de faire un choix clair !
Mais prenons-les un instant au mot, les défenseurs de ce « ring » liégeois. Qu’est-ce qu’un « ring » ? En urbanisme, un ring est un contournement autoroutier sensé protéger une ville du trafic automobile. Liège va-t-elle « boucler son ring » avec CHB (en rouge sur la carte ci-dessous) ? Que nenni ! Pour une raison simple : la liaison de « Cointe » est la principale pénétrante dans la ville ; loin de la protéger du trafic, elle l’inonde au contraire ; tous les chiffres l’attestent |1|. Dès lors, l’hypothétique bouclage du « ring liégeois » — qui est au programme — passera par un viaduc au-dessus de Tilff, pour relier Beaufays à Boncelles (que la pression automobile induite par CHB dans la vallée de l’Ourthe rendra peu ou prou inévitable) et par la mise en autoroute du tronçon Boncelles-Ougrée-Seraing (en bleu). Le voilà, le vrai projet de « ring liégois ». Que ses promoteurs aient le courage d’assumer publiquement leur « vision d’avenir » pour Liège. Qu’ils aient la décence d’expliquer comment on financera ces travaux supplémentaires.
Quoi qu’il en soit, une délégation a été reçue ce vendredi matin au cabinet du ministre wallon André Antoine. Nous y avons remis une première livraison de signatures de notre pétition qui a désormais dépassé le chiffre de 5000 signataires, ainsi que nous l’annoncions la semaine dernière.
Cette rencontre aura au moins permis de confirmer (une fois de plus) notre intuition initiale : la Wallonie n’a pas les moyens de construire à la fois l’autoroute CHB et un réseau de transports en commun structurant dans l’agglomération liégeoise. Les pistes « européennes » évoquées sont soit marginales et improbables (les 100 millions demandés au FEDER), soit ne concernent que des prêts (la BEI), laissant par conséquent pendante la question du financement par les deniers publics. Cette question est centrale, elle détermine l’avenir de la région liégeoise. Le silence à son sujet est pourtant assourdissant, indigne du débat démocratique auquel les Liégeois ont droit.
Il est urgent que les dites « forces vives » liégeoises se posent sérieusement la question de la mobilité dans l’agglomération et de l’affectation des rares moyens budgétaires disponibles, avant qu’il ne soit trop tard.
François Schreuer
Porte-parole
|1| Elément qui, soit dit en passant, invalide la thèse du délestage de Cointe par CHB.