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C’est le moment d’enterrer définitivement CHB

Communiqué à la presse, 7 décembre 2008

La semaine écoulée a vu se produire deux événements majeurs concernant la mobilité dans l’agglomération liégeoise. Primo, l’information qui se chuchotait depuis plusieurs mois est maintenant publique |1| : le gouvernement wallon ne délivrera pas le permis d’urbanisme de la « liaison » Cerexhe-Heuseux/Beaufays avant la fin de la législature régionale — voici donc certaines déclarations matamoresques ramenées à de justes proportions. Secundo, le gouvernement de la Région wallonne annonce son intention ferme — « irrévocable », dit-il — d’implanter une ligne de tram entre Seraing et Herstal, et voilà que commence à prendre forme un désir très largement partagé par les habitants et usagers de la ville.

Ces deux décisions doivent être saluées. Du moins devront-elles l’être s’il s’avère qu’elles sont le signe d’une prise de conscience, par le corps politique de notre région, de la profonde modification du contexte dans lequel nous évoluons : l’évolution catastrophique du climat, l’impasse technique que constitue la fuite en avant du « tout-à-la-route », l’épuisement des ressources en énergie fossile, la gangrène de l’étalement urbain, la nécessité de dégager des moyens pour investir massivement dans les transports en commun,... sont-ils en passe de devenir des enjeux politiques centraux ?

Il faut l’espérer, le souhaiter, le demander. Car loin de constituer un recul sur le plan du développement économique, comme le prétendent encore avec morgue les plus archaïques des zélateurs de CHB, cette possible amorce de changement de perspective est une opportunité d’orienter l’économie et l’aménagement du territoire dans la région liégeoise vers des horizons plus durables dont le tram, s’il est conçu et construit comme tel, pourrait constituer à la fois le symbole et le fer de lance.

Mais un doute subsiste : la suspension — et non l’abandon — du projet d’autoroute CHB ne serait-elle pas, comme le clament certains responsables du Mouvement réformateur, une « manoeuvre électorale » ? Il faut prendre cette hypothèse au sérieux ; en commençant par souligner la remarquable reconnaissance que constitue son émission dans l’espace public par des « pro-CHB ». Oui, nos concitoyennes et nos concitoyens, au fur et à mesure qu’ils prennent connaissance du désastre que représenterait ce projet, lui sont de toute évidence de plus en plus opposés. Gageons que si un grand débat télévisé pouvait être organisé (ce qui n’a tout simplement jamais eu lieu), avec l’information du grand public, ce serait l’opposition au projet qui progresserait encore.

Et pour cause : CHB est le témoin — daté, à sa décharge, de 40 ans et donc antérieur au premier choc pétrolier — d’une façon périmée d’aménager le territoire. Loin de servir à « désengorger » le centre-ville d’un trafic de transit largement fantasmé ou à « désenclaver » quelque bourgade isolée, CHB va contribuer à la dispersion du bâti, au mitage des campagnes du pays de Herve et de celui d’Aubel, et, de façon générale, à l’aggravation des problèmes de mobilité dans la région (et notamment sur les pénétrantes Est de l’agglomération). CHB ne va en rien renforcer l’accessibilité du centre. Au contraire, CHB va encore un peu plus appauvrir la ville. CHB va représenter un gaspillage faramineux des moyens publics, d’autant plus scandaleux que le contexte devrait inciter à un meilleur ciblage des investissement, notamment vers ceux qui généreront le plus d’emploi (et l’on sait qu’un euro investi dans la route est à cet égard beaucoup moins efficace que le même euro placé dans les transports en commun) et qui garantiront la cohésion sociale (là encore, les transports en commun sont en première ligne).

Ajoutons qu’il est difficile, dans les présentes circonstances, de ne pas souligner que le lien entre ces deux dossiers emblématiques que sont le tram et CHB est, semble-t-il, devenu évident alors qu’il ne l’était pas, loin s’en faut, voici un an à peine quand nous nous mobilisions pour promouvoir la pétition « Oui au tram ! Non à l’autoroute ! » et quand nous défilions dans les rues de Trooz, de Fléron puis de Liège pour réclamer que l’argent prévu pour CHB soit investi dans les transports en commun. C’est un acquis de notre mouvement que nous engrangeons avec fierté : il est aujourd’hui plus difficile, à Liège, de le nier : les questions de mobilité sont liées les unes aux autres et doivent être analysées comme un ensemble.

Il nous faut malheureusement craindre que cette autoroute, aujourd’hui remisée au placard pour éviter les remous annoncés, ne resurgisse, plus imminente que jamais, dès après le scrutin de juin. Le collectif « Stop CHB » reste donc mobilisé. Nous demandons au gouvernement d’aller au bout de sa réflexion et d’enterrer définitivement ce projet absurde et démesurément coûteux (alors que le montant envisagé était encore de 400 millions d’euros il y a peu, le chiffre de 600 millions vient d’être évoqué, soit un quadruplement du montant en trois ans).

Après les deux décisions évoquées ici, un troisième événement majeur pour la mobilité à Liège devrait survenir ce lundi : la publication des premières conclusions du Plan urbain de mobilité (PUM) nous en dira long sur l’avenir. Le PUM aura-t-il ou non subi la censure des quelques barons locaux à qui déplaisait souverainement l’évocation au conditionnel de CHB dans l’étude ? Le doute est permis car l’argument de ces derniers — selon lequel la décision sur CHB étant irrévocablement définitive autant que définitivement irrévocable, le PUM n’avait pas à examiner l’hypothèse que l’autoroute ne soit pas réalisée — vient d’être gravement frappé d’obsolescence. Les conclusions du PUM auront-elles été pliées au diktat de M. Moreau et consorts |2| ? Ou, à l’inverse, pourrons-nous découvrir dans ce PUM différentes hypothèses d’aménagement avant et sans CHB, mais aussi des scénarios intermédiaires ? Si cela devait se produire, il se pourrait qu’un souffle d’air frais passe sur Liège...

|1| Le Soir du 2 décembre.

|2| Lire notre communiqué du 24 septembre dernier, ainsi que La Meuse du 29 septembre.

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1 commentaires reçus

C’est le moment d’enterrer définitivement CHB
posté le 12 mai 2011