Le retour du tram est bien plus qu’un projet de mobilité : de par les importants travaux qu’il nécessite en voirie, de par le rééquilibrage de modes de transport qu’il induit (principalement vis-à-vis des automobilistes, mais aussi des piétons et des cyclistes), de par les infrastructures dont il a besoin (stations, centres de dépôt et de maintenance, parkings-relais), il est l’occasion de repenser l’espace public dans sa globalité.

Architectes : Brochet, Lajus, Puyeo (BLP)
Paysagistes : Signes
Designer : Elizabeth de Portzamparc
Source photo : www.signes-paysages.fr
Il est significatif que le succès du tram « à la française » tient tout autant dans un projet de mobilité que dans celui d’un profond réaménagement des espaces qu’il traverse et d’une attention portée à l’architecture, au paysage et au design. Les abords immédiats du tracé du tram sont évidemment concernés (rues, places, boulevards, quais, ponts, etc.), mais la dynamique peut s’étendre à la reconfiguration de quartiers entiers. Nombreux sont les élus français qui brandissent le retour du tram comme l’opportunité à saisir pour améliorer considérablement la qualité du cadre de vie de leurs concitoyens.
C’est que symboliquement, le tram représente une reconquête historique d’un espace qui a été littéralement mangé par les voitures dans la seconde moitié du XXe siècle. En accordant la priorité presque exclusive à la circulation automobile, celui-ci a été considérablement détérioré, refoulant loin de lui piétons et habitants qui s’en étaient appropriés l’usage jusque là. Nul besoin de rappeler que Liège a largement souffert de cette politique du « tout à la voiture », subissant des campagnes de travaux publics titanesques (autoroutes urbaines, tunnels, ponts, parkings, etc.) pour faire passer l’automobile partout là où c’était possible.

Architectes : Brochet, Lajus, Puyeo (BLP)
Paysagistes : Signes
Designer : Elizabeth de Portzamparc
Source photo : www.signes-paysages.fr
En dehors des grands travaux de rénovation urbaine entamés par Ville de Liège depuis les années ’90, surtout dans l’hypercentre, nous sommes aujourd’hui les héritiers de ces espaces publics déstructurés, le plus souvent laissés pour compte. Ils sont situés aussi bien dans le centre de l’agglomération que dans sa périphérie, et nombreux sont ceux qui sont concernés par le futur tracé tram/bus à haut niveau de service (BHNS) : abords du stade du Standard à Sclessin, Place Coronmeuse et Basse-Campagne à Herstal, percée autoroutière Cadran-Hocheporte-Fontainebleau-Burenville, place Général Leman, N3 vers Fléron, quais, etc.
L’aménagement du réseau tram/BHNS représente donc une opportunité historique pour rééquilibrer au sol le partage entre la voiture, les piétons, cyclistes et ces nouveaux transports en commun, et pour requalifier ces espaces au profit de tous, en ayant recours à des processus promotionnant une architecture, un paysage et un design de qualité — gage d’un investissement durable. Encore faut-il que les pouvoirs publics s’y prennent de la manière la plus adéquate pour y parvenir. Et de ce côté, les exemples étrangers, particulièrement en France, peuvent être le moteur de la vision d’aménagement à mettre en œuvre demain à Liège.