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Particules fines : et si on prenait des mesures de long terme ?

Communiqué de presse, 9 janvier 2009

La nuisance sanitaire majeure que représentent les particules fines et autres polluants émis par l’usage des combustibles fossiles (particulièrement le diesel) commence à être reconnue pour ce qu’elle est : la cause de milliers de décès prématurés chaque année, celle, aussi, de cas bien plus nombreux encore de maladies respiratoires, entre autres nuisances. Un grand quotidien faisait l’an dernier sa une sur la pollution qui « tue 10.000 Belges par an », rappelant que chacun d’entre nous perd plus d’un an d’espérance de vie en raison de la pollution de l’air.

Cette prise de conscience qui se fait peu à peu commence à inciter le pouvoir politique à prendre certaines mesures timides pour lutter contre le phénomène : restriction de la vitesse voire, dans le cas de la région bruxelloise, circulation dite « alternée » lors des pics les plus graves. Guère plus, cependant. Bien sûr, ces mesures sont nécessaires. Leur caractère ponctuel et la faiblesse de mesures structurelles laisse cependant l’observateur songeur. Car si les pics de pollution sont inquiétants, la pollution « normale » de l’air, celle que les urbains, notamment, inhalent quotidiennement, ne l’est pas moins.

Alors que d’autres pays européens semblent amorcer un changement de cap en matière de mobilité, l’adaptation à la nouvelle donne semble bien difficile en Belgique et particulièrement en Wallonie où la contradiction demeure flagrante, dans le chef des autorités, entre ces mesures d’urgence décidées au coup par coup et une politique d’investissement et de développement qui reste anachroniquement centrée sur l’automobile. De nouvelles infrastructures routières restent en effet programmées ou probables (à commencer par la trop fameuse liaison Cerexhe-Heuseux/Beaufays, qui coûtera, si elle est réalisée, un demi-milliard d’euros au bas-mot), dont on sait que leur principal effet sera d’inciter encore plus à l’usage de la voiture, de permettre la poursuite de la croissance démentielle du transport routier, et donc de renforcer la congestion urbaine et la pollution. Dans les villes, à rebours des pratiques des villes allemandes, suisses ou hollandaises, on continue à autoriser la construction de milliers de nouvelles places de parkings.

Lors du précédent pic de pollution, un sondage indiquait qu’une écrasante majorité de Belges estime que l’action des pouvoirs publics pour la qualité de l’air est insuffisante et se prononce en faveur d’investissements « massifs » dans les transports en commun. Et pour cause, malgré quelques frémissements, le manque d’investissement dans les transports en commun demeure criant : la qualité du service des transports en commun en Wallonie (vitesse, confort, desserte, régularité,...) est dans la plupart des cas largement insuffisante (tandis que le prix est souvent trop élevé) pour inciter les personnes qui ont le choix entre la voiture et les transports en commun à opter pour ces derniers. Et si les derniers chiffres de fréquentation sont en hausse, tout indique que c’est la paupérisation d’une partie de la population qui l’explique bien plus qu’une amélioration du service. À Liège, en particulier, on soulignera que ce n’est pas l’unique ligne de tram envisagée par le gouvernement wallon — là où tout plaide pour un réseau complet comprenant a minima deux lignes et une boucle centrale — qui va fondamentalement modifier la situation. Et ne parlons pas de la politique de promotion du vélo — lequel représente pourtant un « gisement » majeur d’économie d’énergie tant il est actuellement sous-utilisé — quand le ministère de l’équipement et des travaux (MET) néglige presque systématiquement de prévoir des aménagements cyclables lorsqu’il lui arrive d’entretenir ses voiries.

Cette situation dénote, dans le chef des pouvoirs publics wallons, d’une schyzophrénie qui n’est plus supportable. Il est temps que la santé publique soit prise en compte d’une façon structurelle dans les politiques de mobilité, ce qui passe par une réduction significative de la part modale de la voiture individuelle. C’est rien de moins que la santé et la qualité de vie de millions de personnes qui est en cause.