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Il est temps de supprimer la zone de réservation de l’autoroute CHB

Communiqué de presse, 19 juin 2009

Les déclarations de M. Daerden sur la RTBF, hier matin, annonçant le report sine die du projet d’autoroute entre Cerexhe-Heuseux et Beaufays, à l’Est de Liège, malgré l’écho qu’elles suscitent, ne constituent pas vraiment une surprise. Il n’échappe en effet plus à personne que la situation budgétaire calamiteuse de la Région wallonne (à quoi il faut ajouter son endettement caché, produit par les mécanismes de débudgétisation, dont on n’a pas fini de traîner le boulet) ne permettra pas d’investir dans tous les grands projets prévus par le gouvernement sortant. Bref, des choix s’imposent et l’autoroute Cerexhe-Heuseux/Beaufays ne saurait faire partie des priorités.

Ceci est d’autant plus vrai que la liaison CHB n’améliorerait pas la fluidité du trafic à Liège, comme cela a été constaté par l’étude d’incidences sur l’environnement réalisée pour le MET dans le cadre de sa demande de permis de construction (2006), et ceci contrairement aux affirmations faites encore récemment par les promoteurs liégeois de la liaison CHB. L’étude d’incidences a aussi indiqué que pour améliorer la situation des quais de la Dérivation, des mesures appropriées doivent être
mises en place indépendamment de la liaison CHB. Contrairement à ce qu’on lit un peu partout, il n’est donc nullement impossible de changer dès à présent le statut des quais de la Dérivation (même si la multiplication des parkings à ses abords, et notamment en-dessous de la Médiacité, ne
faciliteront pas les choses).

Quoi qu’il en soit, la situation budgétaire de la Région wallonne n’est pas une bonne nouvelle car les besoins sont immenses, notamment en matière de mobilité. À Liège, le tram — dont un réseau complet doit être réalisé et non une simple ligne de fond de vallée — ne peut être que le fer de lance d’une réorganisation complète et d’un vaste redéploiement du réseau de transport public, dont les étapes devraient se nommer : réouverture de gares, création de parking pour vélos à proximité de toutes les infrastructures de transport, réseau ferré régional, multiplication des sites propres de bus, train léger, intégration tarifaire TEC-SNCB, offre nocturne, etc. Ce sont vraisemblablement plusieurs milliards d’euros qui devront à moyen terme être mobilisés pour réaliser ces indispensables évolutions. Indispensables car la question qui devrait nous occuper depuis déjà un moment est la suivante : comment permettre à une population de 600.000 personnes de se déplacer, demain, dans un contexte où les énergies primaires disponibles — et notamment le pétrole — se seront sérieusement raréfiées (et donc, aussi, dans lequel la moindre infrastructure sera beaucoup plus coûteuse qu’aujourd’hui). Cette question est d’autant plus cruciale que le retard accumulé par notre région par rapport à toutes ses voisines est extrêmement important.

Cependant, pour les milliers de riverains de la future liaison CHB, c’est encore et toujours l’incertitude qui prévaut. Les biens — immeubles, terrains,... — situés dans la zone de réservation demeurent gelés, pratiquement inutilisables et invendables, depuis maintenant plusieurs dizaines d’années. Le préjudice subi par ces personnes est considérable et ne semble guère susciter d’émoi du côté du ministère. Il est temps de constater que le projet CHB n’a, pour du multiples raisons, désormais plus d’avenir. Il est temps, tout simplement, de réduire la dissonance cognitive entre le global et le local. On ne peut pas à la fois se vouloir en pointe sur l’enjeu climatique et poursuivre une politique de développement du réseau routier. L’ampleur des défis qui attendent l’humanité en matière énergétique, climatique, écologique (et partant économique et sociale) reste dramatiquement sous-estimée. Dans cinq ans, il est vraisemblable que l’évidence ne pourra plus être niée. Nous demandons donc au nouveau gouvernement d’en prendre acte. Et de tenir enfin compte des riverains du tracé en décidant la suppression, dès la rentrée parlementaire, de la zone de réservation de l’autoroute au plan de secteur et donc la définitive mise au rebut de ce projet d’autoroute qui n’a que trop longtemps vécu.

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posté le 19 juin 2009 par Benoît Dupret, Tilff