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Les étudiants liégeois ont besoin d’une autre mobilité !

Article paru dans Le P'tit Torê (journal des étudiants de l'ULg), février 2008, par Thomas Lesuisse

La Région Wallonne s’apprête à investir 400 millions d’euros HTVA avant adjudications (soit probablement le double ou plus in fine) dans une nouvelle autoroute entre Cerexhe et Beaufays. Voilà un choix politique surprenant à l’heure où l’urgence environnementale est proclamée et que le pétrole atteint des prix records. C’est aussi une perspective préoccupante pour la mobilité urbaine à Liège, qui souffre des insuffisances de son réseau de transports en commun. Depuis quelques temps, un collectif s’est constitué pour empêcher la mise en oeuvre de ce projet et réclamer un changement de priorités en matière de mobilité à Liège. La Fédé a décidé de joindre ses forces à ce mouvement afin de faire valoir la position des étudiants de l’ULg dans ce dossier.

Des bus bondés et paralysés dans le trafic, des correspondances impossibles, des trajets inconfortables, du temps perdu et du stress supplémentaire en période d’examens... Voilà un tableau réaliste de ce que vivent chaque jour les nombreux étudiants liégeois utilisant les transports en commun. En effet, malgré les quelques efforts ponctuels consentis ces dernières années (ligne 58, sites propres sur le trajet du 48 ), se rendre à l’université avec les transports en commun reste un exercice pénible. Dans leur ensemble, les lignes de bus ne répondent plus aux besoins des citoyens liégeois, et partant, des étudiants qui viennent des quatre coins de la province. Il n’y a pourtant à cette situation aucune fatalité.

Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est d’abord en raison d’un manque d’investissement public dans la mobilité urbaine. À Liège, les politiques antédiluviennes du « tout à la voiture » n’ont pas été corrigées par des mesures fortes, comme cela a pu être le cas dans d’autres villes européennes. Pire, elles restent encore d’actualité. Ceux qui ont eu l’occasion d’effectuer un séjour Erasmus peuvent notamment en témoigner : nous sommes à la traîne par rapport à nos voisins. Tandis que les lignes de tram font florès partout ailleurs, Liège n’a pas fait évoluer son réseau de transports publics depuis longtemps. Ainsi, le campus du Sart-Tilman est très faiblement équipé pour les transports en commun (arrêts de bus décrépis, absence d’aménagements et de sites propres) tandis que l’automobiliste y dispose d’un accès autoroutier favorisé et de vastes parkings.
En projetant la construction d’une nouvelle autoroute à l’est de Liège, le gouvernement wallon semble vouloir continuer dans la même voie. Cet investissement très coûteux (400 millions d’euros) priverait durablement notre région des moyens nécessaires à une amélioration du réseau TEC. Ce serait une très mauvaise nouvelle pour tout le monde.

Les premiers à payer le prix de cette décision seront ceux qui n’ont pas de voiture. Cette catégorie de la population — dans laquelle se trouvent de nombreux étudiants — est pourtant appelée à grossir sous le coup de l’augmentation du prix des carburants. Par conséquent, la demande en transports en commun ne cessera de croître dans les prochaines années. Si l’offre reste insuffisante, de réelles discriminations risquent d’apparaître entre ceux qui peuvent s’acheter une voiture et ceux qui ne le peuvent pas. Déjà aujourd’hui, l’étudiant motorisé gagne énormément de temps par rapport à celui qui n’a d’autre choix que d’attendre le bus.

Mais les automobilistes n’ont pas plus à gagner dans ce projet. En effet, la recherche scientifique le montre, construire des autoroutes revient surtout à inciter à l’utilisation de la voiture, et donc in fine à augmenter la pression automobile générale. L’exemple de la liaison E40-E25 (tunnel sous Cointe) le prouve bien : censé soulager le trafic de transit sur les quais, cet axe est aujourd’hui lui-même saturé, et constitue la principale pénétrante automobile vers un centre-ville toujours engorgé. La liaison Cerexhe-Beaufays, elle aussi, aura pour principale conséquence de renforcer notre dépendance à la voiture. De l’avis des experts, le meilleur moyen de diminuer durablement la densité du trafic automobile est de favoriser les transports en commun. Tout se tient...
En tenant compte de tous ces éléments, la Fédé a donc décidé de soutenir la pétition « Oui au tram ! Non à l’autoroute ! » (signable en ligne sur le site tramliege.be). En effet, les décisions qui se prennent en ce moment vont conditionner la mobilité de toute la région pendant plusieurs années. Il est donc important que les étudiants, en tant que navetteurs réguliers, participent à ce mouvement. Nous lancerons également un groupe de réflexion sur le sujet dès la rentrée de février. Si le sujet vous intéresse, prenez contact avec la Fédé : vous y êtes les bienvenus.

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1 commentaires reçus

Les étudiants liégeois ont besoin d’une autre mobilité (...)
posté le 9 mars 2008