Invitation à découvrir les sites naturels menacés par l’autoroute CHB

En juin 2007, ignorant semble-t-il que les lieux étaient destinés à céder la place au bitume, le magazine Touring Explorer — édité par l’un des principaux lobby automobiles du pays — consacrait trois pages à un « Safari au pays des vaches » sur les hauteurs de Chaudfontaine. « On pourrait se croire en Afrique. Les sources de Chaudfontaine jouxtent en effet une région naturelle que l’on imaginerait plus volontiers au Kenya » écrivait l’auteur de ce papier. Et, en effet, la zone sur laquelle la région wallonne s’apprête à construire l’autoroute Cerexhe-Heuseux/Beaufays (CHB) est exceptionnelle. On y trouve notamment des pelouses calaminaires classées Natura 2000. La beauté du paysage est époustouflante.

Avant que ces lieux magnifiques — qui constituent par ailleurs l’un des derniers poumons verts de l’agglomération liégeoise — aient été mangés par les pelleteuses, nous vous invitons à venir les visiter, ce dimanche 6 avril. Non pas tant pour en fixer une dernière fois la lumière sur pellicule que parce qu’il est toujours possible, dans ce dossier, de faire marche arrière et d’éviter le massacre.

Il faudrait pour cela qu’un débat sérieux ait lieu, alimenté tant par un état des lieux complet des enjeux de mobilité en région liégeoise (ce que le plan urbain de mobilité — PUM — en cours devrait fournir, mais dont on n’attendra vraisemblablement pas les résultats pour prendre une décision) que par les nouvelles évidences que constituent un pic pétrolier sur lequel nous avons le nez et l’impératif climatique dont les données récentes indiquent l’acuité : selon Le Monde, en effet, les données les plus récentes indiquent que la situation « est déjà au-dessus du scénario de développement le plus pessimiste imaginé par le GIEC ».

Mais nous devons faire le constat que les majorités politiques en place s’obstinent à demeurer sourdes à ces questions. Pire, elles veulent hâter les choses, passer outre coûte que coûte aux études et aux débats, dans une précipitation dont nous aurons le loisir sinistre de regretter l’impénétrable irresponsabilité lorsque l’économie que nous construisons aujourd’hui, totalement dépendante au pétrole, aura périclité. L’incurie de la politique en cours est d’autant plus profonde qu’elle hypothèque presque certainement — en raison des contraintes budgétaires de la région pauvre qu’est la Wallonie — le développement d’alternatives dont notre avenir dépend, à commencer par un réseau de transports en commun dont tout le monde s’accorde à reconnaître l’absolue nécessité... sans pourtant que des financements possibles ne soient même évoqués.

En pratique : rendez-vous à 10h15 au centre du village de Ninane (commune de Chaudfontaine) pour une ballade de deux heures.