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Un espace de débat sur les enjeux urbains à Liège,
en vue des élections régionales du 7 juin 2009.


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Quelle politique de logement ?


La question

Si Liège regagne des habitants, les évolutions sont contrastées : la précarité gagne du terrain dans la plupart des quartiers, alors que dans d’autres, on constate un processus de gentrification. Quelle politique, notamment en matière de logement et d’équipements collectifs, comptez-vous mettre en œuvre pour rendre la ville attirante pour tous mais aussi pour y renforcer la mixité dans tous les quartiers ?

La position d'urbAgora
La position d'urbAgora

Les effets de la gentrification de certains quartiers centraux posent la question de la mixité sociale et culturelle au coeur de nos villes. Pour urbAgora, ce phénomène montre l’importance d’un investissement massif dans le logement social et d’un développement de la participation des habitants. Au rang des priorités : acquisitions de biens immobiliers en centre ville, réaménagement des étages de commerces, valorisation du parc social, aide à l’implication citoyenne dans les quartiers et reconnaissance du « droit du sol » en matière de consultation populaire, investissement dans de nouvelles structures d’hébergement d’urgence,... Êtes-vous prêts à relever ces différents défis ? Selon quel ordre de priorités ?

Les réponses des partis politiques


La réponse du CDH

Les politiques menées actuellement vise cet objectif d’attractivité : enjeu de
l’espace public, de la mobilité, actions foncières dans des quartiers dévalorisés, lutte
contre la spéculation et la banalisation de l’offre en logement, préserver
l’habitabilité, favoriser l’intervention du privé ou organiser des partenariats pour les
grands ensembles (Droixhe, Franciscains, Val Benoit, Bavière, etc.), faire émerger des
projets identitaires (Guillemins, Tivoli) ; autant de mesures globales contribuant à la
qualité, l’animation et le cadre de vie en ville. Quant aux processus de gentrification,
ils restent vraisemblablement marginaux. Le combat doit aussi, et surtout aujourd’hui,
chercher à développer le « parc » de logements moyens, familiaux et même haut de
gamme car la ville est, et doit être, le lieu de rencontre de toute les différences, sans
exclusive.


La réponse du PC-GE

En Wallonie, 38.000 familles sont aujourd’hui en attente d’un logement social. On construit à peine 500 logements par an. C’est cela la priorité et le PC propose de lancer un grand plan logement avec la construction de 5000 logements par an (en faisant exclusivement appel à des financements publics afin de contrer une privatisation larvée). Le parc de logement wallon est ancien (50% construit avant 1945) et gourmand en énergie (notamment beaucoup de « 4 façades »). Il existe un énorme défi en matière d’isolation du bâti en Wallonie, défi qui est également une énorme chance car il offre la possibilité de créer un grand nombre d’emplois non délocalisables. Environ 30% des wallons sont locataires. Ces dernières années le prix des locations augmenté fortement. Dans le même temps, on compte aujourd’hui 40.000 logements vides en région wallone (16.000 à Bruxelles) en raison notamment d’opérations de spéculation de la part des propriétaires. Nous prônons le renforcement de l’action des Agences Immobilières Sociales (AIS) et l’application effective de la loi Onkelinx sur la réquisition des immeubles inoccupés. Afin de répondre à la demande, de nouveaux logements privés devront être construits. Il est important d’éviter la spéculation foncière et de permettre à des familles modestes de s’installer dans certaines communes et régions où le prix du terrain est élevé.


La réponse d’Ecolo

Un logement de qualité pour tous est depuis toujours une priorité pour ECOLO. La crise du logement social demande un investissement massif dans la production de nouveaux logements de qualité, la pérennisation financière du secteur et l’optimalisation du parc locatif. Si l’augmentation du nombre et de la qualité des logements sociaux est indispensable, l’accès au logement doit aussi s’envisager plus largement, sur tout le parc existant, en activant des mécanismes variés qui donneront des réponses adéquates à des situations variables. ECOLO souhaite élargir l’offre de logements à prix encadrés (Agence Immobilière Sociale, etc.) et réguler le marché locatif privé. Des mécanismes de régulation des marchés immobilier et foncier sont indispensables, sous peine de devoir désespérément compenser par des fonds publics la spéculation immobilière. Enfin, ECOLO soutient des formes alternatives de logements (habitat groupé, logement solidaire, etc.) qui répondent à des besoins qui ne sont rencontrés ni par le marché privé, ni par le marché public.


La réponse du PS

D’abord votre affirmation entre « augmentation du nombre d’habitants » et « précarité » ne résiste pas à l’analyse. Le niveau de revenus moyens est stable à Liège depuis plusieurs années alors que nous avons gagné des habitants dans la plupart des quartiers. Par contre, nous devons veiller à ce que le développement de la Ville, qui est réel et salué par tous les observateurs, ne conduisent pas à l’exclusion de fait des personnes précarisées. Pour cela, une seule solution : l’investissement public d’une part et le développement de la mixité dans les quartiers par un urbanisme approprié d’autre part.

L’investissement public, c’est par exemple la création et la rénovation de logements sociaux au cœur de la Ville ou encore l’opération « vivre au centre », qui réintroduit des logements accessibles dans plusieurs quartiers par une action directe de la Ville. C’est aussi la réintroduction des services publics dans les quartiers, telles les Mairies de quartier, les commissariats de proximité, les maisons de jeunes.

Le projet de requalification de Droixhe est exemplaire, à mon sens, de notre volonté de développer la Ville au profit de toutes les Liégeoises et de tous les Liégeois. Ce quartier va se transformer, dans une démarche cohérente, par la diversification des activités que l’on va y trouver (bureaux, résidences service, …), par la qualité de l’environnement où l’humain sera résolument pris en compte et par la diversité de l’offre de logements (sociaux, moyens, appartements, maisons unifamiliales, …) que l’on pourra y trouver.


La réponse du MR

La mixité sociale est un défi qu’il faut relever dans les prochaines années. La Belgique est relativement épargnée du phénomène des véritables cités-ghettos à la française. Pour favoriser la mixité sociale dans les villes, nous voulons favoriser la création de « logements mixtes ». Par exemple, lors de la rénovation des Guillemins, il faut favoriser la création de logements de tous types permettant à toutes les classes sociales de pouvoir acquérir un logement dans un ensemble architectural cohérent. Il faut également favoriser l’accès à la propriété des actuels locataires des logements sociaux.

Le MR revendique une politique énergique en faveur des logements moyens. Si on veut favoriser une réelle mixité sociale et stopper l’hémorragie des classes moyennes, il est impératif d’augmenter l’offre en logements moyens. Il faut ainsi augmenter les subsides afin d’étendre les critères permettant d’acheter un bien par ce biais. Il est de même souhaitable d’étendre les capacités de prêt des Fonds du Logement, en Wallonie et à Bruxelles, pour qu’ils puissent également favoriser la possibilité d’acquisition de biens immobiliers.

Rappelons également que la diminution des droits d’enregistrement de 12,5% à 10% et de 6,5% à 5% ne concerne que les cas d’acquisition du logement faisant l’objet d’un prêt hypothécaire octroyé par le Fonds du Logement des Familles Nombreuses de Wallonie ou la Société Wallonne du Crédit Social. Le MR souhaite étendre cette mesure et diminuer les droits d’enregistrement pour tout le monde pour permettre l’accès à la propriété à tout un chacun.


La réponse du RWF

En 1989, la ville de Valenciennes crée son plan de cohésion sociale pour améliorer la vie dans les quartiers par une politique très volontariste de gouvernance urbaine.

Cela a porté ses fruits. Ce plan est accompagné de « contrats de quartiers » conclu entre la Communauté urbaine et les comités de quartier pour développer des projets émanant tant de la ville que de ses habitants.

Pour éviter la précarité galopante de quartiers par rapport à la « gentrification » d’autres, il y a lieu de passer à une politique audacieuse de logements sociaux qui passe par l’acquisition de biens immobiliers dans les beaux quartiers (étages des commerces, bureaux ou locaux inoccupés …).

Les commentaires des internautes :

17 messages

Logement social
posté le 26 mai 2009 à 15h50 par Viviane Tits

Tout-à-fait d’accord pour la construction de logements sociaux mais personne ne détermnine vraiment le style de logements sociaux envisagés.

Personnellement, j’insisterais sur des quartiers équipés de pistes cyclables et verts (notamment pour éviter l’aspect triste des cités). Quant aux maisons et/ou buildings, il faudrait qu’ils soient au minimum basse énergie ou même si possible passifs (attention : pas un passif mal conçu et mal ventilé. Un passif performant).


Logement social
posté le 26 mai 2009 à 21h57 par F. Bertrand

La question du logement social faisait partie des axes de priorités régionales (bruxelloise et wallonne) de la législature 2004-2009 et vu les retards et insuffisances en matière de rénovation du parc social, le bilan et les perspectives pour la prochaine législature force mes interrogations.

Les chiffres parlent d’eux-même : le parc social wallon dispose aujourd’hui d’environ 100 000 logements (dont plusieurs pans en mauvais états voire insalubres) tandis que 40 000 ménage sont sur listes d’attente. Autre ordre de proportion assez parlant : notre pays compte l’un des taux d’habitat social les plus bas d’Europe : 6 % chez nous contre 18 % en France, 36 % en Hollande, 26 % en Allemagne et en Grande Bretagne (Source : étude comparative réalisée par le RBDH, 2003)... des proportions qui découlent à mon sens de priorités/non priorités et du coup, de choix de société posés. Espérons que les intervenants approfondiront ce point lors du débat en dépassant le discours abrité sur la « mixité » ou « l’intérêt pour tous les types de parcs locatifs » (PS, MR, Ecolo).

Sinon je suis tout à fait d’accord l’amélioration de la convivialité via l’arborisation et pourquoi pas des initiatives d’agriculture potagère seraient des aspect à développer dans « la grisaille » des cités.

La « tristesse » présumée des Cités est ceci dit un aspect plus subjectif, les liens sociaux y sont aussi riches qu’ailleurs comme j’ai pu le constater dans le cadre de mon boulot de travailleur social cité de la SECA -Beyne- ou Hof Ten Berg -Bruxelles- (souvent vue de l’extérieur comme univers minéral et peu avenant).

La question des pistes cyclables est également de première importance d’autant que les cités de la région liégeoise sont le plus souvent isolée de par leur situation en milieu périurbain (un espace à densifier par ailleurs).


Logement social
posté le 27 mai 2009 à 10h19 par Viviane Tits

Bonjour,

Je suis tout-à-fait d’accord avec le contenu de cette réponse. Mais je permettrai d’encore insister sur un point. Oui, il faut construire des logements sociaux. C’est vrai, il en manque cruellement. Maintenant, ce n’est pas parce qu’il s’agit de logements sociaux, qu’il faut les construire n’importe comment. Que les communes donnent l’exemple et créent des maisons sociales basse-énergie et/ou bio-climatique. Pour économiser l’énergie.

Je me pose une autre question. Les murs en argile sont plus paraît-il plus sains pour la santé. Et il est maintenant prouvé que la paille ou le papier recyclé ainsi que le chanvre sont de très bons isolants et en plus sont isolants. Pourquoi n’utilise-t-on pas ces matières au niveau de nos villes ? Ce sont en plus de matérieux que l’on trouve près de chez nous. Si on les utilisait plus couramment, ils deviendraient rapidement moins chers que tout ce qui existe actuellement pour le moment sur le marché.


Logement social
posté le 27 mai 2009 à 20h22 par F. Bertrand

Que les communes donnent l’exemple et créent des maisons sociales basse-énergie et/ou bio-climatique. Pour économiser l’énergie

C’est clair, ces sont des défis à relever d’autant que pour les ménages à petits revenus, les économies d’énergies et par rebond, le gain (ou plutôt le relâchement de pression) sur le budget familial sont d’autant plus vitales que le poids des frais énergétiques est en fréquente hausse (hausse des prix de l’énergie, surcoûts des forêts de formules d’abonnements et « ventes forcées » apparues dans la foulée de la libéralisation du secteur, etc). Les différentes techniques d’isolation que vous mentionnez vont sans doute dans le bon sens.


Prix des loyers & urbanisme innovant
posté le 26 mai 2009 à 13h53 par COMMUNAUTE URBAINE

Intervenir pour limiter la hausse des loyers ne fonctionne pas. Economiquement, si on plafonne les loyers, les gens ou les promoteurs investiront moins ou ailleurs. Cela entraîne une raréfaction de l’offre et donc une hausse des loyers ! Rome a déjà essayé... Il faut donc agir sur l’offre, encourager l’investissement dans de nouvelles constructions ou des rénovations attractives. Face à un offre abondante, les prix seront tirés vers le bas. On peut aussi agir sur la qualité de l’offre. Si des familles quittent la ville pour avoir une maison avec jardins pour leurs enfants. Il faut rendre une vocation unifamiliale aux maisons de maître plutôt que d’en faire des kots ou des bureaux. Pour les constructions verticales, il faut éviter les ’cages à poules’ des années 60-70s. Nous avons l’occasion d’innover dans les différents quartiers en voie de réhabiltation : des jardins suspendus permettraient d’offrir de l’espace et humaniser la vie en ville. Les zonings commerciaux peuvent-être verdurisés et accueillir du bâti...


Plafonner les loyers
posté le 26 mai 2009 à 14h07 par Zob

Economiquement, si on plafonne les loyers, les gens ou les promoteurs investiront moins ou ailleurs.

 ????

Cela dépend à quelle échelle tu plafonnes, mon cher, non ?

Si c’était au niveau régional, national ou européen... qu’est ce qui empêche que cela fonctionne ?

À moins que ce ne soit qu’un prétexte...


@ZOB
posté le 26 mai 2009 à 16h11 par COMMUNAUTE URBAINE

Si un privé (personne physique ou société immobilière) investit dans un bien à mettre en location, c’est pour en tirer un profit. Si on plafonne le loyer, on rend l’investissement moins rentable pour un risque qui reste égal. Donc les privés placeront leur capital (grand ou petit) dans un autre type de placement. Ce qui entraînera une pénurie de biens immobiliers disponibles pour une location. Etant plus rares, ces biens seront plus chers. Il faut donc faire l’inverse : ie rendre l’investissement dans l’immobilier urbain plus intéressant qu’ailleurs pour augmenter la qualité du parc immobilier urbain liégeois. Il faut aussi que l’offre soit abondante. Ça, les promoteurs aiment moins parce qu’ils sont alors « obligés » de brader leurs prix...


Prix des loyers & urbanisme innovant (La faute à Smith ?)
posté le 27 mai 2009 à 22h33 par F. Bertrand

Je suis assez d’accord avec vous sur l’effort à faire pour trouver des alternatives à un urbanisme phagocytant le patrimoine des villes centre voire l’ayant mis en péril comme tel a été le cas durant les années 50-60 sur les berges de Meuse. Idem pour une végétalisation du bâti ayant des avantages certains pour la qualité de vie en ville.

Concernant, le plafonnement (ou gel) des loyers sont des mesures que l’on retrouve dans les programmes (ou dans le discours) d’Ecolo et du PS depuis quelques années (le MR y est quant à lui farouchement opposé comme en témoignent les passages de Mr Reynders à la RTBF de ces derniers jours). Il est vrai que cette proposition est un peu le monstre du Loch Ness des politiques du logement : beaucoup de monde en parle mais personnellement je ne l’ai jamais vue et les modalités de sa mise en oeuvre restent...mystérieuses.

J’ai en revanche beaucoup de mal à vous suivre dans votre application de la théorie du « juste prix » au marché locatif :

si on plafonne les loyers, les gens ou les promoteurs investiront moins ou ailleurs. Cela entraîne une raréfaction de l’offre et donc une hausse des loyers (...) Il faut donc agir sur l’offre, encourager l’investissement dans de nouvelles constructions (...). Face à un offre abondante, les prix seront tirés vers le bas. On peut aussi agir sur la qualité de l’offre.

Pour que cette théorie économique tienne la route, ne faudrait-il pas imaginer un égal accès au marché locatif, une relation libre entre bailleur et locataire ? Le champ de l’immobilier ne rempli pas ces caractéristiques me semble t’il sauf à imaginer un marché mettant en relation une « république uniforme » de petits locataires-propriétaires (et inversement) ce qui ne s’est jamais vu dans à travers les époques et les civilisations...

Aujourd’hui l’on retrouve plutôt une relation essentiellement inégalitaire par rapport à une ressource vitale (un droit à mon sens) : avoir un « toit sur la tête » d’accès essentiellement déséquilibré selon que l’on soit locataire ou bailleur, rentier, salarié, précaire ou allocataire social etc (sans parler de la spéculation sur la « rareté » pouvant intervenir dans certaines zones).

Les ménages précarisés (en ce compris les classes moyennes) se retrouvent dans l’incapacité (dans les difficultés pour les seconds) à faire valoir leur droit à un logement de qualité. Aucune régulation du montant des loyers n’est actuellement de mise ce qui pose à mon sens question et porte à un débat sur le plan de la justice fiscale.

L’état des lieux législatif actuel montre que les bailleurs : 1) ne sont en effet pas taxés sur leurs revenus locatifs réels mais sur un revenu cadastral datant ... de 1975 indexé depuis 1991 (d’où une déconnexion par rapport aux revenus du travail) 2) le revenu cadastral ne prend aucunement compte du nombre de logements aménagés dans un immeuble ; votre ex des maisons de maître subdivisées en est une bonne illustration (pas de variation du taux d’imposition en lien avec l’accroissement des rentrées locatives).

Réintroduire 1) d’avantage d’équité fiscale par rapport aux revenus du travail et 2) promouvoir des mécanismes de fiscalité différenciée sur les revenus locatifs réels ne ferait pas de mal... Le gel des loyers est une réponse, taxer plus justement les loyers s’écartant d’un loyer objectif (basé sur le nombre de logements d’un immeuble) en favorisant les propriétaires louant à prix raisonnable pourrait être une autre piste (ou une piste complémentaire au gel) avec à la clé des aides à la rénovation. Qu’en pensez-vous ?


Prix des loyers & urbanisme innovant (La faute à Smith ?)
posté le 2 juin 2009 à 12h14 par COMMUNAUTE URBAINE

Le gel des loyers (aussi noble soit son intention : permettre à plus de gens de se loger décemment) ne fonctionne pas. Cela a déjà été essayé. Il faut encourager (de manière ciblée) l’investissement dans des habitations à loyer modéré. Ce qui freine généralement les investisseurs pour ce type de bien, c’est le manque d’assurance d’avoir son loyer payé. L’Etat pourraît utilement servir de Tiers-garant. A charge du propriétaire d’entretenir son bien et à charge de l’allocataire du CPAS de payer le loyer. Actuellement certains "petits" investisseurs revendent leur bien découragés par les difficultés de la location "sociale" (non-paiement, dégradation...). En l’absence de garantie de l’état, une franche de la population risque de ne pas trouver une offre accessible. Des mesures fiscales devraient également encourager les investissements en milieu urbain car actuellement, il est plus rentable de lotir en périphérie...


Gentrification ou normalisation ?
posté le 26 mai 2009 à 13h40 par COMMUNAUTE URBAINE

Je pense que parler de gentrification à Liège est exagéré ou prématuré. Le retour des classes moyennes dans une rue ou un quartier qui va s’embellir, se rénover et donc prendre (ou simplement récupérer) de la valeur est en soi un signe favorable. Nous n’avons pas de quartier où les liégeois ne pourraient plus se loger comme les parisiens à Paris. Le risque existe mais c’est loin d’être le problème majeur. A l’inverse, des habitations familiales, des maisons de maître, sont saucissonées pour être louées à des gens en situation précaire...


Gentrification ou normalisation ?
posté le 28 mai 2009 à 14h38 par Seba

Chère « Communuaté urbaine »,

Au sujet de votre dernière remarque sur le saucissonnage, je vous suis tout à fait sur le plan urbanistique, voir du point de vue du maintien de la mixité sociale. On peut regretter que des maisons de maître se retrouvent divisées en de nombreux kots, souvent de qualité très moyenne, voire médiocre. Cela n’embellit pas le paysage urbain (les multitudes de boîtes aux lettres et de sonnettes) et n’est pas de nature à rendre attractive notre ville pour les classes moyennes.

Seulement voilà, tout le monde sait que la taille moyenne des ménages dimunue (en ville plus qu’ailleurs). J’ai entendu dire que 75 % des ménages à Liège sont constitués de 1 ou 2 personnes (50 % d’isolés).

Dans un contexte budgétaire aux contours limités, l’effort public (logement social) ne pourra absorber toutes les demandes. On peut rêver mais je ne pense pas qu’on va construire 40.000 logements sociaux « durables » au cours de la prochaine législature.

Il n’y a d’autre choix que de se reporter sur l’offre de petits logements privés (qu’on nomme souvent le « parc social de fait »). Or, on constate de façon générale que la plupart des communes confrontées à la division en petits logements de maisons unifamiliales tentent de freiner le phénomène si pas de le stopper par le biais de refus de permis d’urbanisme.

Les communes qui agissent de la sorte mettent en avant la nécessité d’éviter une surdensification de certains quartiers ou leur souhait de maintenir une offre de logements unifamiliaux sur leur territoire. Cette attention portée au cadre de vie vise notamment à conserver de la mixité sociale dans les zones urbaines. Aussi compréhensible soit-elle, cette attitude à l’échelon communal interpelle puisqu’elle tend à éviter l’établissement de personnes à la recherche de petits logements aux loyers attractifs. La limitation de la création des logements pour les plus pauvres n’est pas en soit une solution au problème de la précarité.

Comment combiner ces préoccupations sociales et urbanistiques ? Cela me semble un sujet de débat vraiment intéressant.


Gentrification ou normalisation ?
posté le 2 juin 2009 à 12h37 par COMMUNAUTE URBAINE

Cher Séba,

Je vois 2 réponses à deux problèmes :

1° La ville veut réattirer / garder des familles. Cela nécessite un parc de logements unifamiliaux (si possible avec jardin). Ces maisons unifamiliales et maisons de maîtres existent. Il faut donc empêcher leur découpage par appartements (refus de permis, taxation liée au nombre de logements ou incitant fiscal pour une rénovation redonnant une vocation unifamiliale,...). Si des maisons avec jardin ne sont pas disponibles en ville, il ne faudra pas s’étonner que ceux qui en ont les moyens partent vers la périphérie)

2° Les ménages de petites tailles (personnes isolées, familles monoparentales). Il faut une relance de l’immobilier (des tours de nouvelles générations : fonctions sociales-commerciales-économiques au rez et dans les étages inférieurs. Habitations de tailles raisonables-duplex-triplex aux étages supérieurs. Cela assurerait une mixité sociale et fonctionnelle. Cette densification par la verticalisation assure la rentabilisation du sol. L’Etat ou la région n’a PAS les moyens de créer 40.000 logements sauf à s’endetter pour des décénnies. Il faudrait mettre sur pied un fonds d’investissement (pourquoi pas la caisse d’investissement wallonne ?) Tout le monde pourrait investir dans se plan de relance immobilier qui nécessiterait une main d’oeuvre importante. Un partenariat public-privé donnerait la garantie de paiement des loyers (ex. versement direct du loyer par le cpas à la société de gestion des immeubles). Une possibilité d’acquérir son propre bien devrait être offerte à chacun par une forme de location-achat. Des jardins suspendus devrait offrir le minimum d’espace que requiert une vie décente... Cela nécessite de lier 4 milliards d’euros. Cela mérite donc effectivement un débat de fond !


Gentrification ?
posté le 21 mai 2009 à 15h00 par Wistab

Gentrification, mais dans quel(s) quartier(s) à Liège ? J’ai plutot l’impression inverse, càd, que sur 20 ans, beaucoup de quartiers se sont paupérisés ...


Gentrification ?
posté le 21 mai 2009 à 15h04 par François Schreuer

Le phénomène est encore assez localisé pour le moment, mais bien réel notamment en Pierreuse, dans une bonne partie du Laveu, dans certaines rues d’Outremeuse,...

D’autres quartiers comme Jonfosse, le quartier Maghin ou les Guillemins pourraient suivre.


Gentrification ?
posté le 21 mai 2009 à 16h06 par Wistab

Mais est-ce vraiment comparable avec la gentrification de quartiers entiers à Bruxelles ? est-ce que ce concept ne s’applique pas plutôt aux classes sociales (fort) aisées ? ce mouvement me parait très limité, n’est-ce pas lié à la dynamique normale d’une ville ? et si les classes moyennes ou moyenne-sup reviennent dans une ville ’pauvre’ comme Liège, je trouverais cela plutôt encourageant pour un rééquilibrage avec les banlieues ’chics’...


Gentrification ?
posté le 21 mai 2009 à 19h06 par Alain

Je dois t’avouer que je suis assez d’accord, même si je suis attentif à ces discussions. Le fossé entre certains liégeois en difficuluté, et salariés se creuse tellement que ces derniers apparaissent comme presque riche. Perso, je crois aussi que le danger inverse est plus pervers. Néanmoins, au lieu de "gentrification", je préfère parler de brassage...


Gentrification ?
posté le 22 mai 2009 à 17h29 par F. Bertrand

À mon sens le mouvement de gentrification sur Liège reste bien une réalité (actuelle --- Pierreuse, Outremeuse, Laveu --- et sans doute en devenir — Guillemins, Saint Léonard). Il serait nécessaire de lier le discours sur la gentrification (terme en vogue) à la problématiques des luttes urbaines (bref des luttes pour l’accès aux services et ressources de la ville : logement, équipements, transports, santé, culture etc). Du coup, habiter Bruxelles n’est pas habiter Liège, Lyon ou Florence... puisque si gentrification il y a, les manifestations des contradictions et par rebond des luttes pour le droit à la ville diffèrent selon le contexte local.

Le mouvement de gentrification est-il plus intense à Bruxelles ? Je reste critique quand à la « mesure d’intensité » du phénomène (la lutte pour l’accès à un territoire est à mon sens autant caractérisée par les aspects économiques — spéculation foncière, marché immobilier — que par des aspects culturels et sociaux et donc moins visibles -capacités de se mobiliser, accès à l’information etc.-).

Au niveau du contexte local, il est toutefois clair qu’à la différence de Liège, le phénomène se caractérise à Bruxelles par 1) un mouvement (rapide) englobant plusieurs quartiers 2) par la présence d’opérateurs immobiliers « accompagnant » le phénomène via une prédation foncière sur base de stratégies parfois concertées et 3) de façon plus globale, l’explosion des prix locatifs observée à Bruxelles exclu durablement non seulement les couches précarisées mais également la « petite classe moyenne »... habiter Bruxelles est devenu un privilège contrairement à Liège (quoique les prix locatifs sont également à la hausse).

Liège conserve pourtant un caractère populaire qui fait sa spécificité de longue date et conjointement un certain retour à la ville des classes moyennes (et je pense que ce mouvement s’accentuera au vu du contexte économique : les étudiants et jeunes ménages auparavant en « transition » sur Liège pourraient bien de plus en plus rester à demeure en ville... et c’est plutôt encourageant !)

Pour autant parler de brassage ou de mixité régulée par la « main invisible » des choix individuels des nouveaux urbains est à mon avis un peu trop s’avancer. Le phénomène n’est pas que le fait des « classes aisées »...le noeud se situe plutôt au niveau des classes moyennes au sens large. En Outremeuse par ex, la première vague d’acquisitions-rénovations n’a pas été le fait des « promoteurs » mais de particuliers et de petits commerçants se fixant sur de petits îlots comme Roture ou Saint Pholien des Prés (ces acteurs ont donc autant contribué à redynamiser, rénover, sauvegarder le patrimoine qu’à -involontairement- écarter le « p’tit ouvrè » retraité natif de l’île de Meuse).
Aux Guillemins en revanche, l’on peut sans doute craindre l’action conjointe de promoteurs-entrepreneurs nettement moins éclairés dont l’arche de la gare SNCB constituerait le cheval de Troie si l’on y prend pas garde... une bonne raison de rester vigilant !





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