
Si Liège regagne des habitants, les évolutions sont contrastées : la précarité gagne du terrain dans la plupart des quartiers, alors que dans d’autres, on constate un processus de gentrification. Quelle politique, notamment en matière de logement et d’équipements collectifs, comptez-vous mettre en œuvre pour rendre la ville attirante pour tous mais aussi pour y renforcer la mixité dans tous les quartiers ?

Les effets de la gentrification de certains quartiers centraux posent la question de la mixité sociale et culturelle au coeur de nos villes. Pour urbAgora, ce phénomène montre l’importance d’un investissement massif dans le logement social et d’un développement de la participation des habitants. Au rang des priorités : acquisitions de biens immobiliers en centre ville, réaménagement des étages de commerces, valorisation du parc social, aide à l’implication citoyenne dans les quartiers et reconnaissance du « droit du sol » en matière de consultation populaire, investissement dans de nouvelles structures d’hébergement d’urgence,... Êtes-vous prêts à relever ces différents défis ? Selon quel ordre de priorités ?
Les réponses des partis politiques

La réponse du PC-GE
En Wallonie, 38.000 familles sont aujourd’hui en attente d’un logement social. On construit à peine 500 logements par an. C’est cela la priorité et le PC propose de lancer un grand plan logement avec la construction de 5000 logements par an (en faisant exclusivement appel à des financements publics afin de contrer une privatisation larvée). Le parc de logement wallon est ancien (50% construit avant 1945) et gourmand en énergie (notamment beaucoup de « 4 façades »). Il existe un énorme défi en matière d’isolation du bâti en Wallonie, défi qui est également une énorme chance car il offre la possibilité de créer un grand nombre d’emplois non délocalisables. Environ 30% des wallons sont locataires. Ces dernières années le prix des locations augmenté fortement. Dans le même temps, on compte aujourd’hui 40.000 logements vides en région wallone (16.000 à Bruxelles) en raison notamment d’opérations de spéculation de la part des propriétaires. Nous prônons le renforcement de l’action des Agences Immobilières Sociales (AIS) et l’application effective de la loi Onkelinx sur la réquisition des immeubles inoccupés. Afin de répondre à la demande, de nouveaux logements privés devront être construits. Il est important d’éviter la spéculation foncière et de permettre à des familles modestes de s’installer dans certaines communes et régions où le prix du terrain est élevé.

La réponse d’Ecolo
Un logement de qualité pour tous est depuis toujours une priorité pour ECOLO. La crise du logement social demande un investissement massif dans la production de nouveaux logements de qualité, la pérennisation financière du secteur et l’optimalisation du parc locatif. Si l’augmentation du nombre et de la qualité des logements sociaux est indispensable, l’accès au logement doit aussi s’envisager plus largement, sur tout le parc existant, en activant des mécanismes variés qui donneront des réponses adéquates à des situations variables. ECOLO souhaite élargir l’offre de logements à prix encadrés (Agence Immobilière Sociale, etc.) et réguler le marché locatif privé. Des mécanismes de régulation des marchés immobilier et foncier sont indispensables, sous peine de devoir désespérément compenser par des fonds publics la spéculation immobilière. Enfin, ECOLO soutient des formes alternatives de logements (habitat groupé, logement solidaire, etc.) qui répondent à des besoins qui ne sont rencontrés ni par le marché privé, ni par le marché public.

La réponse du MR
La mixité sociale est un défi qu’il faut relever dans les prochaines années. La Belgique est relativement épargnée du phénomène des véritables cités-ghettos à la française. Pour favoriser la mixité sociale dans les villes, nous voulons favoriser la création de « logements mixtes ». Par exemple, lors de la rénovation des Guillemins, il faut favoriser la création de logements de tous types permettant à toutes les classes sociales de pouvoir acquérir un logement dans un ensemble architectural cohérent. Il faut également favoriser l’accès à la propriété des actuels locataires des logements sociaux.
Le MR revendique une politique énergique en faveur des logements moyens. Si on veut favoriser une réelle mixité sociale et stopper l’hémorragie des classes moyennes, il est impératif d’augmenter l’offre en logements moyens. Il faut ainsi augmenter les subsides afin d’étendre les critères permettant d’acheter un bien par ce biais. Il est de même souhaitable d’étendre les capacités de prêt des Fonds du Logement, en Wallonie et à Bruxelles, pour qu’ils puissent également favoriser la possibilité d’acquisition de biens immobiliers.
Rappelons également que la diminution des droits d’enregistrement de 12,5% à 10% et de 6,5% à 5% ne concerne que les cas d’acquisition du logement faisant l’objet d’un prêt hypothécaire octroyé par le Fonds du Logement des Familles Nombreuses de Wallonie ou la Société Wallonne du Crédit Social. Le MR souhaite étendre cette mesure et diminuer les droits d’enregistrement pour tout le monde pour permettre l’accès à la propriété à tout un chacun.

La réponse du PS
D’abord votre affirmation entre « augmentation du nombre d’habitants » et « précarité » ne résiste pas à l’analyse. Le niveau de revenus moyens est stable à Liège depuis plusieurs années alors que nous avons gagné des habitants dans la plupart des quartiers. Par contre, nous devons veiller à ce que le développement de la Ville, qui est réel et salué par tous les observateurs, ne conduisent pas à l’exclusion de fait des personnes précarisées. Pour cela, une seule solution : l’investissement public d’une part et le développement de la mixité dans les quartiers par un urbanisme approprié d’autre part.
L’investissement public, c’est par exemple la création et la rénovation de logements sociaux au cœur de la Ville ou encore l’opération « vivre au centre », qui réintroduit des logements accessibles dans plusieurs quartiers par une action directe de la Ville. C’est aussi la réintroduction des services publics dans les quartiers, telles les Mairies de quartier, les commissariats de proximité, les maisons de jeunes.
Le projet de requalification de Droixhe est exemplaire, à mon sens, de notre volonté de développer la Ville au profit de toutes les Liégeoises et de tous les Liégeois. Ce quartier va se transformer, dans une démarche cohérente, par la diversification des activités que l’on va y trouver (bureaux, résidences service, …), par la qualité de l’environnement où l’humain sera résolument pris en compte et par la diversité de l’offre de logements (sociaux, moyens, appartements, maisons unifamiliales, …) que l’on pourra y trouver.

La réponse du CDH
Les politiques menées actuellement vise cet objectif d’attractivité : enjeu de
l’espace public, de la mobilité, actions foncières dans des quartiers dévalorisés, lutte
contre la spéculation et la banalisation de l’offre en logement, préserver
l’habitabilité, favoriser l’intervention du privé ou organiser des partenariats pour les
grands ensembles (Droixhe, Franciscains, Val Benoit, Bavière, etc.), faire émerger des
projets identitaires (Guillemins, Tivoli) ; autant de mesures globales contribuant à la
qualité, l’animation et le cadre de vie en ville. Quant aux processus de gentrification,
ils restent vraisemblablement marginaux. Le combat doit aussi, et surtout aujourd’hui,
chercher à développer le « parc » de logements moyens, familiaux et même haut de
gamme car la ville est, et doit être, le lieu de rencontre de toute les différences, sans
exclusive.

La réponse du RWF
En 1989, la ville de Valenciennes crée son plan de cohésion sociale pour améliorer la vie dans les quartiers par une politique très volontariste de gouvernance urbaine.
Cela a porté ses fruits. Ce plan est accompagné de « contrats de quartiers » conclu entre la Communauté urbaine et les comités de quartier pour développer des projets émanant tant de la ville que de ses habitants.
Pour éviter la précarité galopante de quartiers par rapport à la « gentrification » d’autres, il y a lieu de passer à une politique audacieuse de logements sociaux qui passe par l’acquisition de biens immobiliers dans les beaux quartiers (étages des commerces, bureaux ou locaux inoccupés …).
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